Trouble de l’oralité adulte : comment le reconnaître et le surmonter
Vous est-il déjà arrivé de grimacer devant un plat inconnu, de repousser une bouchée parce que la texture vous dérange, ou de redouter un dîner entre amis par peur de ne rien pouvoir avaler ? Si ces moments vous semblent familiers, vous vous demandez peut-être si c’est juste une question d’habitude… ou autre chose. Les troubles de l’oralité alimentaire (TOA) chez l’adulte, c’est un sujet encore méconnu, mais qui touche bien plus de monde qu’on ne le pense. Imaginez : un repas qui, au lieu d’être un plaisir, devient une source de stress, comme une épreuve à surmonter. Alors, comment savoir si vous êtes concerné par un trouble de l’oralité ? Et surtout, comment reprendre le contrôle, un pas à la fois ? On va explorer tout ça ensemble, comme si on discutait autour d’un café, avec clarté et bienveillance.
Qu’est-ce qu’un trouble de l’oralité, au juste ?
Commençons par poser les bases. Un trouble de l’oralité alimentaire, c’est quand manger devient compliqué, non pas par manque d’appétit, mais à cause de sensations ou de mécanismes qui bloquent. Ça peut être une sélectivité alimentaire : vous ne mangez qu’une poignée d’aliments, toujours les mêmes, comme des pâtes ou du poulet, parce que les autres vous rebutent. Ou une hypersensibilité sensorielle : la texture d’un légume croquant, l’odeur d’un plat épicé, ou même le contact d’un aliment dans la bouche déclenche un malaise, presque un réflexe de recul. Parfois, c’est physique : mâcher ou avaler demande un effort, comme si votre corps oubliait comment faire.
Bon. Disons-le autrement. Ce n’est pas juste « être difficile » ou « ne pas aimer essayer ». Les TOA vont plus loin : ils transforment les repas en moments de tension, parfois jusqu’à l’évitement complet des situations où il faut manger avec d’autres. En France, où les repas sont presque un rituel social, ça peut vite devenir pesant. Vous savez, ce moment où tout le monde savoure une tarte aux légumes et vous, vous fixez votre assiette en espérant qu’on ne vous pose pas de questions ? C’est ça, l’enjeu.
Les signes qui doivent vous alerter
Alors vous êtes-vous déjà demandé si vos habitudes alimentaires cachent un trouble de l’oralité ? Prenons une grande inspiration et regardons les signaux. Peut-être que vous évitez les aliments avec certaines textures : les légumes filandreux, les fruits juteux, ou tout ce qui est trop mou. Ou que vous passez des heures à manger, triturant chaque bouchée comme si c’était un casse-tête. Les repas en groupe, c’est une autre piste : si vous redoutez les invitations, si vous inventez des excuses pour ne pas aller au restaurant, ça pourrait être un indice. Et puis, il y a les sensations physiques** : un haut-le-cœur face à une odeur, une difficulté à mâcher, ou même des nausées en découvrant un plat inconnu.
Tiens, on y pense rarement, mais le stress lié à ces moments peut s’accumuler. Vous vous sentez jugé, différent, comme si votre rapport à la nourriture était un secret à cacher. Pour vous aider à y voir clair, posez-vous ces questions : est-ce que je mange moins de 10 à 15 aliments différents ? Est-ce que je ressens de l’anxiété avant un repas ? Si vous hochez la tête, il est peut-être temps d’explorer. Ce n’est pas une sentence, juste un point de départ pour comprendre.
D’où viennent ces troubles ?
Pourquoi, à l’âge adulte, peut-on se retrouver avec un TOA ? Les causes sont comme les pièces d’un puzzle complexe. Parfois, elles remontent à l’enfance : un trouble alimentaire pédiatrique, non diagnostiqué, qui persiste à l’âge adulte. Peut-être des souvenirs d’aliments difficiles, comme une expérience où un aliment vous a écœuré ou étouffé. D’autres fois, c’est un traumatisme : des soins médicaux, comme des sondes nasogastriques, qui laissent une empreinte dans la mémoire du corps. Et puis, il y a les troubles sensoriels, où le cerveau traite les odeurs, textures ou goûts de manière amplifiée, un peu comme si chaque bouchée passait sous un microscope.
Mais ce n’est pas tout… enfin, pas toujours. Certains TOA sont liés à des conditions neurologiques, comme l’autisme ou le TDAH, où l’hypersensibilité sensorielle est fréquente. Ce qui est frappant, c’est que beaucoup découvrent leur trouble sur le tard, après des années à penser qu’ils étaient juste « bizarres ». C’est comme porter des lunettes floues : une fois le diagnostic posé, tout devient plus net.
L’Orthophonie : un premier pas vers le changement
Vous vous demandez peut-être : par où commencer ? La réponse pourrait surprendre : direction un orthophoniste. Oui, ces professionnels ne s’occupent pas que de la parole, ils sont aussi des experts en oralité alimentaire. Leur mission ? Vous aider à apprivoiser ce qui bloque, étape par étape. Avec des techniques de désensibilisation sensorielle, ils travaillent sur les textures, les goûts, ou même les odeurs qui vous rebutent. Par exemple, vous pourriez commencer par toucher un aliment, le sentir, le poser sur vos lèvres, avant d’essayer une bouchée. C’est lent, patient, comme apprendre à nager en commençant par tremper les pieds.
Les orthophonistes peuvent aussi améliorer les aspects physiques, comme la mastication ou la déglutition, si c’est un problème. Les résultats ? Une alimentation plus variée, moins de carences, et parfois même un regain d’énergie, parce que votre corps reçoit enfin ce dont il a besoin. Nombreux sont ceux qui, après quelques mois, retrouvent du plaisir à manger, même si c’est progressif. C’est comme redécouvrir une pièce de votre maison que vous aviez fermée à clé.
Apaiser l’anxiété avec la TCC
Les TOA, ce n’est pas juste une question de bouche ou d’estomac. L’anxiété alimentaire joue un rôle énorme. Vous savez, cette boule au ventre avant un repas au restaurant, ou cette peur qu’on remarque que vous ne mangez presque rien ? C’est là que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) entre en jeu. La TCC, c’est comme un guide qui vous aide à reprogrammer vos pensées. Elle vous apprend à affronter les situations stressantes, petit à petit.
Imaginez : vous commencez par visualiser un repas en groupe. Puis, vous testez un nouveau plat dans un endroit sûr, chez vous. Chaque étape vous rapproche d’une certaine liberté. La TCC peut aussi déconstruire cette honte qui vous pèse, comme un manteau trop lourd. Ce n’est pas magique, mais c’est puissant. Avec le temps, ces moments qui vous semblaient insurmontables deviennent… disons, gérables.
Retrouver confiance lors des repas sociaux
Parlons d’un défi majeur : les repas avec d’autres. En France, où partager un apéro ou un dîner est presque une institution, les TOA peuvent transformer ces instants en cauchemar. Vous évitez les invitations, vous prétextez un régime, ou vous choisissez des restaurants où vous savez qu’il y aura « votre » plat. Alors, comment faire ? D’abord, soyez stratégique. Consultez le menu en ligne avant de sortir, pour repérer un aliment familier, comme une assiette de pâtes ou un steak grillé. Ensuite, entraînez-vous à expliquer, sans entrer dans les détails : « J’ai un rapport particulier à la nourriture, je préfère rester simple. »
Tiens, un petit aparté. Vous avez déjà remarqué comme les Français adorent parler de cuisine ? Ça peut être intimidant, mais c’est aussi une chance : les gens sont souvent curieux et ouverts si vous partagez un bout de votre histoire. Essayez une phrase légère, comme : « Je suis un peu sélectif, mais je savoure ce que j’aime. » Avec le temps, ces moments deviendront moins pesants, comme une chanson que vous finissez par connaître par cœur.
Le rôle du diététicien pour un équilibre alimentaire
Un trouble de l’oralité peut avoir des conséquences sur votre santé : carences nutritionnelles, fatigue, ou même perte de poids non désirée. C’est là qu’un diététicien devient précieux. Contrairement à ce qu’on pense, il ne va pas vous forcer à manger des brocolis. Son rôle ? Construire un plan alimentaire qui respecte vos limites tout en comblant vos besoins. Par exemple, si vous ne mangez que des pâtes, il pourrait suggérer d’ajouter une sauce riche en légumes mixés, discrète mais nourrissante.
Le diététicien travaille main dans la main avec l’orthophoniste, un peu comme un duo de chefs qui ajustent une recette. Ensemble, ils veillent à ce que votre alimentation devienne plus variée sans vous brusquer. C’est un travail de patience, mais qui peut transformer votre énergie au quotidien, comme si vous passiez d’une vieille ampoule à une lumière éclatante.
Et si votre trouble était lié à une neuroatypie ?
Bon, ce n’est pas systématique, mais ça vaut le coup d’y penser. Les TOA sont parfois liés à des profils neuroatypiques, comme l’autisme ou le TDAH. Pourquoi ? Parce que ces conditions s’accompagnent souvent d’une hypersensibilité sensorielle. Une odeur trop forte, une texture inhabituelle, et c’est comme si votre cerveau appuyait sur le bouton « alerte ». Si vous vous reconnaissez dans d’autres traits neuroatypiques (ex. : sensibilité au bruit, routines strictes), parlez-en à un professionnel. Un diagnostic adapté peut ouvrir des portes, comme un trousseau de clés pour mieux comprendre votre fonctionnement.
Ce lien est encore peu exploré, mais il gagne en visibilité. C’est un peu comme découvrir une nouvelle planète : on commence à peine à en cartographier les contours, mais elle est bien là.
Vers une nouvelle relation avec la nourriture
Alors, où aller à partir d’ici ? Les troubles de l’oralité alimentaire ne sont pas une fatalité. Avec l’orthophonie, la TCC, un diététicien, et un peu de patience, vous pouvez transformer votre rapport à la nourriture. Ce ne sera pas instantané, mais chaque petit pas compte. Peut-être qu’un jour, vous oserez goûter un nouveau plat, ou que vous rirez autour d’une table sans cette boule au ventre. Et si vous commenciez dès aujourd’hui ? Prenez rendez-vous avec un orthophoniste, notez vos sensations lors des repas, ou parlez à un proche de ce que vous ressentez. Qu’est-ce qui vous donne envie d’essayer ? Partagez vos idées, vos questions, ou même vos petits progrès. Après tout, chaque bouchée, même hésitante, est une victoire.